■ E. M. Cioran – froid ■
25 mai 2011 § Poster un commentaire
J’étais en parfaite santé, j’allais mieux que jamais. Tout à coup, un froid me saisit pour lequel il me parut évident qu’il n’y avait pas de remède. Que m’arrivait-il ? Ce n’était pourtant pas la première fois qu’une telle sensation me submergeait. Mais auparavant je la supportais sans essayer de la comprendre. Cette fois-ci, je voulais savoir, et tout de suite. J’écartai hypothèse après hypothèse : il ne pouvait être question de maladie. Pas ombre d’un symptôme auquel m’accrocher. Que faire ? J’étais en pleine déroute, incapable de trouver ne serait-ce qu’un simulacre d’explication, lorsque l’idée me vint – et ce fut un vrai soulagement – qu’il ne s’agissait là que d’une version du grand, de l’ultime froid, que c’était lui simplement qui s’exerçait, qui faisait une répétition…
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- Texte : E. M. Cioran, De l’inconvénient d’être né (extrait), Paris, Éditions Gallimard, 1973, p. 225-226.
- Image : Luiza Palanciuc, Cioran : froid, 2011.
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